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HISTOIRE DE LA SUZE

SEIGNEURS-COMTES DE LA SUZE

HISTOIRE et FEODALITE de LA SUZE-sur-SARTHE - ( 2ème partie )

Document Archives départementales de la Sarthe.

Histoire et Féodalité de La Suze-s-Sarthe

                Seigneurs - Comtes
                                   -:-

Suite à l’anarchie consécutif à l’effondrement de l’Empire romain, aux vagues germaniques qui submergèrent les vestiges de cet Empire. La féodalité, a instaurée un état social entre cette époque et la monarchie absolue.
En ces temps obscures, à défaut d’une forte autorité centrale, on se regroupe autour de ceux qui offrent protection et sécurité. S’ils concèdent des terres à charge de reconnaître leur suprématie, ou s’ils exigent des petits propriétaires la soumission nos touchons à la base fondamentale de la féodalité.

Seigneurie de La Suze du XIème au XIIIème siècle.
Survol d‘un « Pays », que l’on pourrait dénommer le « Suzenais ».

Le chapitre que nous présentons, est purement un « survol », présentant l’aspect d’un territoire situé au Sud-ouest de la cité du Mans, et s’étendant sur la rive droite de la rivière Sarthe sur 4 à 5 lieues, à une époque déterminée.

Ce que certains pourraient appeler un « flash » !

Il ne faut surtout pas nous imaginer, qu’entre le XIème siècle, et le XIIIème siècle, toutes les terres étaient cultivées. La plus grande partie des terres s’étendant de la porte du Mans  «  du Château du Bourg d’Anguy », à Noyen et à Sablé, étaient recouverte de vastes bois à caractères forestiers. Evidemment, très dispersés s’ouvraient dans cet univers arborescent, des « trouées cultivées » - des clairières, selon la masse de documents que nous avons compulsés. Le terme de « forêts », y est clairement désigné, souvent accompagné du « droit de bois mort ». Ce ramassage des bois mort dispersés sur le sol après un violent «  coup de vent », que les gens du pays, « les sujets du seigneur des lieux », avaient le droit de ramasser pour se chauffer ; sous certaines conditions - Réf. Cartulaire de Château-du-Loir - 94 - p.65.

Gros plan d'une carte de l'Evêche du Mans datée de 1619 è Document collection privée.

Il faut avoir présent à l’esprit, que cette région fut au Moyen Âge, de guerres fréquentes, et dévastatrices, et que les travaux agricoles furent purement et simplement défavorisés.

Une ressource non négligeable pour le seigneur : les « pêcheries, justifiant - le droit de pèches ». La pêche était très à l’honneur dans le Maine, mais les étangs relativement rares, on la pratiquait en eau vive - les cours d’eau ( d’ailleurs très nombreux dans la région concernée ). L’Alose et la Lamproie, poissons d’eau courante, apparaissent comme les plus appréciés. La pêche, était pour les seigneurs et les abbayes une source de revenus très importante.

Les pêcheries étaient installée dans les écluses, auprès des moulins, dans les biefs, qui les alimentaient en eau vive - Réf. Cartulaire de SaintAubin t.I - 117 - p.144  ; t.I -  196 - p.225 ; Cartulaire du Noyer 378 -  p.412. 

Droit de pêche entre le Moulin de La Beunêche ele Moulin de Fillé, délivré par le seigneur de La Suze en 1371 - Fac-similé du document Collection privée.

Selon les Annales et les Chroniques de cette époque, l’Etat des redevances, que nous avons exploré, nous incite à croire que les paysans qui peinaient tant à lutter contre le réenvahissement des parcelles par la nature environnante, que par la mise en valeur de celles-ci, menaient une existence misérable ; ce qui explique la famine de 1161 - Réf. Collection de textes pour servir à l’étude et à l’enseignement de l’Histoire - fasc.37. Constat : lorsque que le coût de la vie augmentait, les ressources fournies par la pêche, constituaient un apport non négligeable dans l’alimentation de la pauvre population de nos campagnes. Les ressources découlant de l’agriculture et de l’élevage, constituant la plus grande partie des redevances dues au seigneur.

La plus grande partie des terres riveraines de la rivière Sarthe, et de ses affluents petits ou importants, étaient conservées à usage de prairies, exclusivement consacrées au pâturage, selon les plans terriers, et des documents des A.D.72. Les inondations saisonnières, permettaient de tenir parfaitement et régulièrement « engraissées », les prés riverains. Les Cartulaires de Saint-Victeur, de Saint-Vincent et de La Couture, comportent de nombreux documents qui mentionnent les prés et pâturage comme l’un des modes, les plus fréquents d’exploitation du sol. Souvent dans la région concernée par cet article, on remarque la présence de saules, en bordure de petits et de grands cours d’eau, ils sont cités également  dans les actes ; ils avaient un important apport économique . Le feuillage de cet arbre, servait à nourrir pendant l’hiver les bovins, et à améliorer la densité du lait en matières grasses ; quant aux branches, elles étaient utilisées pour renforcer les clôture, et à constituer des « plesses » - panneaux de branches entre-lacets.

- « .. - « …..ces talus formés de terre rapportée et qui s ‘augmente quelque peu chaque huit ans lorsque le paysan exploitant coupe la haie, et nettoie le petit fossé qui doit se trouver au bas ; quatre, cinq ou six pieds de haut. Un pal ou pau ( en bon français - pieu / piquet ), est fiché çà et là dans la haie, et plesses - plessard - marmenteaux ne forment qu’un tout, solide et difficilement franchissable - dénommé clôture de champs, dont l’ensemble constitue un «  pays typé - le bocage ». Dans cette haie des arbres étêtés marque tout en consolidant la composition l’orme, le charme et le chêne, émergent de buissons épineux entrelacés, les ronce, les épines complétent»

Sur ces prés très minutieusement soignés, florissait un élevage de bovins, les vaches laitières, nourrissage des veaux, et celui des bœufs de labours, animal dont il est souvent fait mention dans les sources que nous avons compulsées. Une Charte de l’abbaye de La Couture, porte sur le pasnage de cent porcs, dans la région de Fillé-sur-Sarthe / Voivre ; ce qui semble démontrer une activité florissante. D’ailleurs, dans les Cartulaires de Saint-Victeur, de Saint-Vincent, de Saint-Pierre-de-la-Cour, de La Couture, sans en énumérer d’autres, les porchers, sont souvent mentionnés, les « droits de glandées, les droits de pasnages », font l’objet de donations et de fréquentes transactions. 

Dans le Maine, la culture des céréales, semble moins importante qu’en Anjou et en Touraine, si l’on en juge, par le faible nombre de moulins ; exception faite dans notre proche région : moulins de Ronneau à Guécélard, de Spay, de Fillé-sur-Sarthe, de La Beunêche, de La Suze……

Dans la région étudiée, hormis l’élevage, l’activité agricoles porte sur la culture des céréales : le blé semble avoir supplanté au XIIème siècle les autres céréales, et l’orge. L’avoine ne fera son apparition vers la fin du XIIème siècle, et première moitié du XIIIème. On cultive aussi des légumineuses, plusieurs actes mentionnent des redevances seigneuriales en fèves, et en seigle, base de l’alimentation paysanne. Entre Le Mans et Malicorne, le chanvre est cité comme une culture florissante.

Dans le territoire, précédemment cité, la vigne est omniprésente, par exemple, au XIIème siècle et au XIIIème à Fillé-sur-Sarthe on dénombre pas moins de quatre pressoirs. Le cidre et la pomme, tout comme en Normandie, à cette époque, sont inconnus.

Pour les exploitations agricoles, les mesures usitée, sont « le journal », il représente très exactement, la superficie qu’un paysan, avec un attelage de deux bœufs, peut labourer en une journée, dans une donation de l‘abbaye Saint-Vincent du Mans, et de l‘Abbaye de La Couture. Il y a, aussi l’arpent pour la vigne, et pour le près. Les champs, comme les prairies, étaient presque toujours délimitées par des fossés, ou par des haies.

Nous maintenant, toujours à la même tranche dans le temps, les terres sont divisées en « mansurae - manse ».

L’habitat rural est assez dispersé, l’habitations, et les dépendances en principe sont là où se situe la ressource fondamentale se situe. Les bâtiments sont assez misérables, les murs sont formaient de branches entrelacées, à des poteaux verticaux fichés profondément dans le sol. Ces panneaux de plesses, sont enduits d’un mélange de chaux et d’argiles ( le torchis ), qui constitue étanchéité et l’isolation, le soubassement est réalisé en principe de pierres sèches. Une seule fenêtre, fermée l’hiver par un bouchon de paille. Le foyer est au début au centre, avant la diffusion de l’âtre.

Nous aurions aimé, pour nos petites têtes blondes, pouvoir reconstituer avec précision et un plus grand développement, la vie des habitants de cette région ( qui est la notre ) à cette époque du Moyen Âge . Mais force est de constater, que les seules données, que nous possédons ont un caractère flou et assez vague. Tout au plus, nous nous faisons une idée imprécise, de ces « chaumines » dispersées, dans une clairière aménagées, cernée par une végétation arborescente, qui n’est pas à proprement parlé hostile, parce que nourricière. Pour l’alimentation, la galette de seigle, est la base incontournable de tous les repas, des fèves, du poisson, de la viande séchée et fumée s’y ajoutait quelquefois. Les vêtement étaient basés sur le chanvre, le lin et laine.

Dessin d'une chaumines locale du XVIIème siècle, murs en torchis, couvertes en bardeaux de châtaigniers - Document collection privée.

Les produits agricoles, se vendaient sur les marchés et les foires, ils représentaient incontestablement, selon les sources que nous avons consultées, une source de revenus important pour le seigneur de La Suze ; ils donnaient lieu à la présence de marchands étrangers. Malgré nos recherches, nous ignorons d’où ils venaient, et ce qu’ils étaient ; un point ressort, c’est les facilites de communications de cette époque. Outre les routes, il y avait la voie d’eau. Les ports de Fillé, de La Suze, de Rëze, de Noyen, sont souvent mentionnés . Le seigneur de La Suze plaçait des gardes en bordure de la grande rivière, pour percevoir les droits de passage.

Il est certain que le niveau de vie, nous apparaît, avec notre regard ; comme misérable. Il faut admettre, que chaque pouce de terrain cultivé, en ces lointains, était consacré à ce qui était indispensable à la vie. 

Situation dans le Haut-Maine, du XIème siècle au XIIIème, dans cette partie du Haut-Maine.

En Anjou, et dans le Maine, au XIème siècle et pour une partie du XIIème, l’autorité des Comtes, a tellement diminuée, que les nobles, en l’occurrence les seigneurs locaux, sont pratiquement les maîtres absolus dans leur seigneurie. Ils ont une situation plus ou moins dominante, conditionné par le nombre, et les importances desdites seigneuries. Interviennent en suite les titres : barons, vicomte, maréchal, etc…..

Entre l’évêché du Mans, les vicomtes, et des voisins expansionnistes, les Comtes du Maine eurent du mal imposer leur autorité, à faire respecter leurs droits. Ces difficultés s’étendaient, à une incapacité de pouvoir substituer une organisation administrative et judiciaire, à l’état d’anarchie qui sévissait sur l’ensemble du comté, et au droit absolu et incontournable du plus fort. Au XIème siècle, les « vilains » sont pillé, molestés, ou mis à mort sans que l’on fasse plus de cas de leur vie, de cell de l’un de leurs animaux, ou de leur bien. Un autre constat, les nobles entre eux ne s’épargnent pas. Le brigandage seigneurial est sans frein, il est même absolu. Les hobereaux emprisonnent tout un chacun, et après les avoir soumis aux pires traitements, il leur extorquent une rançon. Les Gesta Ambaziensium dominorum, débordent de scènes d’une violence inouïe.

La cupidité semble une des tendances naturelles de l’être humain ; parce que essentiellement logique chez les être primitifs. Malgré les progrès cumulatifs de l’administration, évoluant irréversiblement vers la légalité, les seigneurs  demeurèrent longtemps semblables à eux-mêmes.

Au XIIème siècle sous Hélie de La Flèche, comte du Maine, Geoffroy de Plantagenêt, comte d’Anjou et du Maine, puis Henri II, roi d’Angleterre, duc de Normandie, comte d’Anjou, du Maine et de Touraine, le brigandage seigneurial diminue proportionnellement à l’accroissement de l’autorité des suzerains précités.

Quand aux paysans vivant à cette époque sur les territoires de La Suze, Fillé-sur-Sarthe, Roëze, Voivres et Guécélard, et d’ autres paroisses de nos jours « Sarthe-aval » ; les uns vivaient libre, les autres étaient assujettis à une servitude plus ou moins rigoureuse - Réf. Bibliothèque des l’Ecole des Chartes - t.CVII -  p.205 - 234. Nous n’avons pas trouvé d’éléments susceptibles de nous indiquer qui des libres ou des non libres étaient les plus ombreux. Un fait cependant ressort, dans la première moitié du XIIème siècle, il semble que les non-libres, et plus particulièrement ceux possédant une tenure réelle, échappait à la misère complète, on assiste alors à un développement de la classe rurale, proportionnellement, à la diminution des guerres, et l’accroissement de la sécurité.

Une réalité apparaît, la période de la fondation de nombreux de nos bourgs, disséminés sur des voies de terre, ou des voies d’eau. La création d’un bourg avait un double avantage à partir du XIème siècle : Ils étaient utilisé à loger, les « hôtes », c’est-à-dire des paysans, chargeaient de défricher, puis de mettre en valeur ces terres conquises, qui étaient appelés,, à devenir de petits centres d’activités commerciales et artisanales.

- nous citons en référence un procés intervenu entre les Chanoines de l’abbaye de Saint-Pierre-de-la-Cour au Mans, et les moines de l’abbaye de La Couture, au sujet de la dîme des deux paroisses de Louplande et de Voivres - Réf. Cartuaire de Saint Pierre-de-la-Cour - XVII - p.21.

Il étaient certainement nombreux ces paysans qui dans l’obscurité des IXème, Xème, XIème et XIIème siècles, troublés par des guerres incessantes, ont forgés les bases de nos actuelles communes de Sarthe-aval.

Dans les chapitres qui vont suivre, le sentiment familial est la note dominantes de la société seigneuriale du Haut-Maine /Sarthe. Dans la hiérarchie sociale, le lien familial est très puissant. La famille est si fortement constituée, pour que soit considérée comme valable, un convention relative à ses biens, il faut le consentement de tout les membres de cette famille. On remarque dans les actes de cette époque, que le donateur, est accompagné du consentement de son épouse, et de ses enfants.

En ce qui concerne le terres, dans le canton, mais nous allons utiliser la définition : seigneurie de La Suze ; sont en général toutes soumises à des redevances ou à des services. Ce sont des tenures. Toutes les propriétés sont pour le seigneur une source de revenus importants, grâce aux droits qu’il perçoit sur elles. En plus des droits de justice et de police, que les seigneurs lèvent sur l’ensemble de leurs terres, par l’intermédiaires de leurs officiers, il y a les services dus par leurs vassaux, il y a en plus tous le droits de passage et de tonlieu que le seigneur impose et perçoit sur le transit par la rivière Sarthe, soit pour le franchissement d’une berge à l’autre d’un cours d’eau, ponts, bacs. Mais le plus considérable, est incontestablement, celui titré des biens-fonds, ou des cultures faites sur lesdites terre.

Les droits que les paysans de la seigneurie, doivent payer sur le terrage - fond de terre, puis les droits en nature, ou en argent sur les différents produits agricoles - « vinagium ; frumentagium ; cenagium ( droit sur le poisson pêché ) ; pasangium

Prélude, à la seigneurie…..

À la fin du Xème siècle, la guerre fait rage dans le Maine indépendant, et plus spécialement le Haut-Maine / Sarthe.

De 990 à 1027, alors que les Comtes du Mans sont en guerres perpétuelles contre leurs vassaux - Réf. Histoire du comté du Maine - p.23 - 25. Le comte d’Anjou, Foulque Nerra, cherche à agrandir vers le Nord-est son comté, et à maintenir les positions acquises à l’Ouest, contre les Bretons.

La fin du XIème siècle, le Maine, et plus spécialement notre région et saccagée par la guerre contre Guillaume de Normandie, dit le Bâtard, dit le Conquérant. Après une accalmie, en 1129, la guerre reprend dans la région de Sablé-sur-Sarthe. Nous passons sous silence, les expéditions guerrières que les seigneurs du Haut-Maine se livraient entre eux.

De l’acharnement, et de la cruauté de ces conflits, le menu peuple en souffrait énormément.

En 1091, le comte du Maine, Hugue V, ravage systématiquement toutes les récoltes sur les terres de l’évêque du Mans, son ennemi, issu de la Maison de Bellême. Hélie 1er de La Flèche, époux Mathilde de Château-du-Loir, se repliant devant les troupes anglaises de Guillaume le Roux, dévaste tout sur son passage. En 1191, pour abattre la révolte des barons, Henri II, se livre à des représailles sauvages, en détruisant les cultures, et arrachant les arbres fruitiers - réf. Histoire du Comté du Maine - p.57 - 69 et 50 ; Comté d’Anjou - p.80-81.

Partie d'un Acte autorisant la perception d'unnpéage  sur le franchissement du pont ( levis ) du Château de La Suze - 14 janvier 1035 - Document B.N.F de Paris.

Il n’est pas douteux que cette angoissante insécurité, avec les horreurs qui l'accompagnait, ont influé profondément, sur l’état social et économique de la région. Les faibles paysans, la majorité de la population de notre campagne, désarmée, ont tout naturellement cherché appui et surtout protection, auprés d’un plus puissant, et c’est tout naturellement qu’ils se sont dirigés vers les abbayes Saint-Vincent, puis l’abbaye de La Couture, pour la rive droite de la Sarthe, et l’abbaye de Saint-Mesmin-de’Micy, via le Prieuré Saint-Pierre-de Parigné-le-Polin pour la rive gauche.

Toutes les fois qu’un seigneur autorise un établissement religieux à fonder un bourg et qu’il lui donne une terre à cet effet, la concession est accompagnée de droits coutumiers. Ces droits coutumiers, sont des droits sur les marchandises : «  vendite »  droits sur les marchandises vendues sur les foires et marché ( la création d‘un bourg entraîne quelquefois la création d‘un marché, puis d‘une foire ) ; droits de circulation ( péage, tonmieux, etc…) - Réf. Cartulaire de Saint-Vincent - 1071 - n°312 ; 1078 - n°391.

Seigneurs et seigneurie de La Suze,

La première citation d’un seigneur de La Suze, Herbert de La Suze, nous la découvrons dans la liste qui sous la conduite de Foulque d’Ajou, participèrent à la 1ère croisade de 1099 à 1140, aux côtés de Gui de Laval, Robert de Sablé, Robert de Dreux, seigneur de Château-du-Loir, et 30 autres grands nobles du Maine

Brouassin,

Histoire féodal

tige : Crenon - de Champagne

La châtellenie de Brouassin, étai annexée à la seigneurie de Mansigné, relevait de foi et hommage lige à la baronnie de Château-du-Loir. Son châtelain possédait droit de haute, moyenne et basse justice, droit d’établir des notaires, et d’avoir sceaux à contrats, et présentait à la chapelle de Brouassin, à celle des Ouslinières, dans celle de Château-l’Hermitage, fondée par Anne de Bueil 

Brouassin, appartint à une famille, qui tout au début en prit le nom. Dans de très vieux documents aux A.D. 72, on trouve cités « Pierre et Hercent de Broacen », son vassaux de la châtellenie d’Oizé en 1239 - Réf. B.N.F. de Paris - manuscrit latin 9067 folio.322 verso. 

Pierre de Brouassin, chevalier, est cité dans un acte de février 1274, lors d’une transaction avec Hubert ou Humbert de Clermont, chevalier, seigneur de Clermont et de Gallerande - Réf. Généalogie de la Famille de Clermont-Gallerand - t.XL ; p.16.

Selon la Chronique de Parcé - fond municipal n°121, Brouassin était en 1222, la possession de Beaudouin 1er, sire de Crenon - fief de la paroisse de Vallon. De son union, avec Elisabeth de Montsoreau, Beaudouin 1er, eut une fille prénommée comme sa mère Elisabeth, qui épousa en cette année 1222, Geoffroy de Thouars, baron de Candé, qui donnèrent le jour à un fils, Beaudouin II de Crenon.

Beaudouin II de Crenon, sire de Thouars, de Brouassin, de Crenon, de Vallon, e d’autres lieux, accompagna le roi Louis IX dit Saint-Louis en croisade, où il se fit non seulement remarquer, mais réalisa des prouesses ; qui lui valurent le privilège royal de porter sur son écu d’azur parsemé de fleurs de lis d’argent sans nombre. Il épousa Macée de Tucé, file du seigneur de Tucé, ui lui donna un fils Pierre, chevalier, sire de Crenon, de Brouassin, de Vallon, etc….qui fit don au Prieuré de La Fontaine-Saint-Martin en 1295 d’une rente de 30 sols assise sur toutes se terres. Tous deux furent inhumés en l’église de Mansigné.

Jean de Crenon, fils et héritier de Pierre, confirma en 1319 par acte passé en la cour du doyen d‘Oizé, aux religieuses de La Fontaine-Saint-Martin la rente accordée par son père - réf. H.1549. Le mercredi, après la Toussaint 1371, chevalier, Jean de Crenon, fils descendants de Jean, rend aveu au seigneur de Château-du-Loir, pour « une chasse à Bouessay ». Le 8 avril 1393, il se reconnait à nouveau hommage de foi simple, à la comtesse du Maine, dame de Château-du-Loir, pour sa terre et la haute, moyenne et basse justice de sa terre de Bouessay - Réf. A.N. de Paris - P.344 1.

Baudouin III de Crenon, seigneur de Crenon, de Vallon, de Brouassin, de La Motte-Achard, et autres lieux, sénéchal de Touraine, épousa à Tours vers 1363, Marie de Bueil, fille de Jean, sire de Bueil, et de Marguerite Béraud, et petite-fille de Béraud, prince dauphin d’Auvergne. Deux enfants naquirent de cette union,

-1° Beaudouin de Crenon, qui mourut sans avoir contracté d’alliance,
-2° Ambroise de Crenon, qui épousa à Angers, en 1383, Jean III de Champagne, sire de Pescheseul, Parcé, et autres lieux, fils de Brandelis de Champagne, et de Jeanne de La Réaulté.

Beaudouin III, de Crenon, fut parrain de son petit-fils Beaudouin de Champagne en août 1392. Il mourut e son château de Brouassin le 8 octobre 1393, et fut inhumé en so église de Mansigné. Sa femme reçut sa sépulture en l’église de Château-l’Hermitage. Son tombeau est visible et porte les armoiries des Masons de Bueil et de Crenon - Réf. A.D. 72 - fonds du marquisat de La Suze - fief de Brouassin.
Marie de Bueil, dame de Crenon et de Brouassin, acte du 4 mars 1408.

Jean III de Champagne, seigneur de Pescheseul, de Parcé, de Vallon, de Crenon, de La Motte-Achard, de Brouassin, et d’autres lieux, accompagna en 1383, le duc d’Anjou dans son expédition de Naples. En récompense de ses  bons et loyaux services, Jacques de La Marche, lui donna en 1415, le duché de Bari, et l’année suivante Louis III, duc d’Anjou, le nomma son « Grand Maréchal ».

En 1421, à la bataille du Vieil-Baugé, où il commandait à mille hommes d’armes, il les entraina au combat, participant activement à la victoire des troupes françaises. La Chronique de Parcé, signale qu’il tua de sa propre main le comandant en chef des Anglais, le duc de Clarence, privant ainsi l’ennemi de son chef, et le désorganisant. Jean de Champagne fut en 1424, blessé à la bataille de Verneuil - Réf. Recherches sur la paroisse de Vallon - p.95.

Ambroise de Crenon mourut à Angers le 2 avril 1431, et Jean de Champagne le 13 janvier 1436. Il avait eu douze enfants, plusieurs d’entre eux naquirent à Brousassin.. Six de leurs fils firent tués à la bataille de Verneuil en 1424, et ensevelis dans l’église Saint-Martin du Vieux Bellême, deux autres Jean IV et Pierre 1er , échappèrent à la mort, bien que blessés par flèches.

Jean IV de Champagne, seigneur de Pescheseul, de Parcé, de Vallon, de Crenon, et d’autres lieux, épousa en avril 1430, au château de Sillé-le-Guillaume, Marie de Sillé, fille de Guillaume, seigneur de Sillé, et de Marie de Rieux, d’où naquit une fille. Celle-ci prénommée également Marie, comme sa mère, se maria à René de Laval, baron de Raiz, et seigneur de La Suze. Louis , roi de Jérusalem et de Sicile, duc d’Anjou, le 1er avril 1433, lui fit don du comté d’Aquila, déjà possédé par son père, avec une pension annuelle de onze karlins d’argent sur la baronnie d’Aubagne - Réf. Chronique de la Maison de Champagne - n°151. Il mourut à Naples quelques temps avant son père.

Pierre 1er de Champagne,, chevalier, seigneur de Pescheseul, de Parcé, de Brouassin, de La Motte-Achard, après la mort de son père, naquit à Angers le 30 septembre 1385. Il se distingua sous le règne de Charles VII, par son ardeur, et sa témérité à combattre les Anglais. Il les défit dans la plaine de Saint-Denis d’Anjou en 1442, devant Beaumont-le-Vicomte en 1448, et se fit remarquer par son courage au siège de Rouen, à la bataille de Formigny, et dans la conquête de la Normandie.

Il rendit aveu en 1478, au comte du Maine, pour la moitié de sa terre de La Motte Achard, et le droit de chasse dans la forêt de Longaulnay, que lui conférait cette terre - Réf. Chronique de la Maison de Champagne - n°151. Il mourut à Angers le 15 octobre 1485, dans sa cent unième année.

Son épouse Marie de Laval, fille de Thibault de Laval, seigneur de Loué, et de Jeanne de Maillé-Brézé, lui donna six enfants,

- 1° Jean de Champagne, seigneur de Martigné-Briand en Anjou, et de La Motte Achard, qui décéda sans postérité,
- 2° Baudouin, bailli, puis gouverneur de Touraine, pour le roi de Sicile, duc d’Anjou, avant de devenir son chambellan. Il épousa Jeanne de Tucé, en eut plusieurs enfants, et prit le nom et les armes de cette famille ; c’est-ce qui explique que dans les Annales de la Noblesse, et Tables généalogiques ont trouve un Baudouin de Tucé, chevalier, seigneur de La Motte Achard, et de Brouassin en 1456-1457. Le 31 mai 1456, Alain de Coétivi, cardinal-archevêque d’Avignon et légat du Pape en France, lui accorda à Angers, sur sa demande la permission de faire célébrer la messe et autres offices religieux dans la chapelle de Brouassin -réf. Fonds Municipal n°932.

Un aveu de foi et hommage au regard de sa seigneurie de La Motte Achard, lui fut rendu le 9 juin 1457, par Louis de Tucé, écuyer, seigneur de Mervay, à cause de Martine Cantine, son épouse, pour les domaines et appartenances de La Turpinière et de Charbonnais, situé dans les paroisses de Luché et de Coulongé, avec les hommages, cens, rentes et devoirs qui en dépendent, au nombre desquels les hommages du seigneur de Clermont pour le lieu de La Tripardière ; le seigneur de Passau, pour son domaine de La Grifferie ; Janon Hamelet, seigneur de La Roche-de-Mayet, pour son fief de La Bérardière.

- 3° Brandelis de Champagne, seigneur, de Bazouges, de Villaines, de Broouassin, de La Motte Achard , tige de Champagne-La Suze, dont les descendants possédèrent tous en ligne directe, les seigneuries de Brouassin, de La Motte Achard, jusqu’en 1718 , et La Suze.

Position géographique de La Suze, dans un massif forestier en 1647 - Documenyt collection privée.

Maison de Champagne,

Brandelis de Champagne fut Chevalier de l’Ordre du Croissant, conseiller-chambellan du roi, capitaine commandant de cent hommes d’armes de ses ordonnances, lieutenant-général et commandant en Artois, grand sénéchal du Maine et gouverneur de Saumur. Anne de Champagne, sa cousine-germaine femme de René de Laval, seigneur de La Suze, lui légua par testament le 21 septembre 1498, les terres et seigneuries de La Suze, Coulans, Louplande et Chaufour.

Il avait épousé en 1485, Renée de Varie, fille de Guillaume de Varie, et de Charlotte de Barbangy. De cette union naquit 5 enfants :

-  1° Baudouin ( qui suit ),
- 2° Françoise, mariée le 6 décembre 1505, à Jean de Gironde, seigneur de Montetara,
- 3° Jeanne, conjointe le 25 mars 1508 au marquis de Cardaillac, baron de 
Montbrun,
- 4° Eleonore, femme de Guarguesalle, seigneur de Coulaines, fils de Jean de Guarguesalles, seigneur d Coulaines,  et d’ Anne du Breuil,
- 5°  Renée, dont nous n’avons pas trouvé d’alliance.

Quatre autres enfants lui étaient nés hors mariage,

- 1° Christophe, décédé curé de Bazouges en 1518,
- 2° Jean, fils de Anne Duteil, gouvernante de ses filles(  ….né ung an environ après son veuvage aux escolles….)  ; il était curé de Bazouges en 1520,
- 3 ° une fille mariée à Philippe de Mandon,
- 4° une autrefille, Marie, à laquelle il légua 300 livres pour la marier - réf. A.D.72 - G.778.

Son fils, Baudouin de Champagne, chevalier, seigneur de Brouassin, de La Motte-Achard, Bazouges, La Suze, Louplande, Coulans, Chaufour, Bazeilles, Vilaines et Vauxcelles, chevalier de l’Ordre du Roi, devint conseiller et chambellen des rois Louis XII et François 1er, et ambassadeur auprés de l’électeur palatin en 1521 et de Charles-Quinnt en 1528. Il accompagna François 1er au siège de Landrecies en 1543, et mourut à La Suze le 24 juin 1560. Il fut inhumé dans l’église paroissiale de ce lieu ( l’enjeu des seigneurs de La Suze se trouvait sous le maître autel de cette église ).

Il avait épousé Jeanne de La Chapelle-Rainsouin, fille et unique héritière de Olivier, seigneur  de La Chapelle-Rainsouin, et d’Arethuse de Melun, qu’il avait épousé en 1518 ( réf. Dictionnaire de la Noblesse - t.IV, p.188 ), morte en 1558, elle fut inhumée à ses côtés.

Il laissait un fils, Nicolas de Champagne, et deux filles,

- Hardouine, alliée par contrat en date du 7 lmars 1543, à Louis de Vieuxpont, baron de Neubourg, chevalier de l’Odre du roi,  
- Charlotte, épouse en 1549, de François de Saint-Gelais, seigneur de Saint-Séverin.

Nicolas de Chamlpagne, chevalier, comte de La Suze, seigneur de Brouassin, de La Motte-Achard, la Chapelle-Rainsouin,, Coulans, Chauffour, Bazeilles, Bazouges, Vialaines et Louplande, conseiller et chambellan du roi,  capitaine de cinquante hommes-d’armes de ses ordonnances, chevalier de l’Ordre de Saint-Michel, adhéra très tôt au protestantisme, et reçut souvent à Brouassin la visite du ministre Merlyn. Le jeudi 25 septtembre 1561 il fut dut décidédans le consistoire tenu ce jour là au Mans « ….que mondict sieur Merly irait dimanche prochain « après les exhortations ou lundy matin, au lieu du seigneur de Brouassin, visiter « monsieur de La Suze….. ». Et dans le consistoire du jeudi suivant il fut décidé à l’unanimité que le ministre se trouverait « à la maison de Brouassin le jour « même de saincts Simon et Jude prochain venant, pour exhorter en public au « lieu qui lui sera désigné par mon dict sieur de La Suze…… » ( réf. Recueil de pièces inédites pour servir à l’histoire de le Réforme dans le Maine - p.28 et 29 - A.D. 72 ).

Ce fut en la faveur de ce huguenot, qui avait combattu avec François de Guise à Metz contre Charles-Quint en 1552, à la campagne de Flandre en 1555, et trouvé la mort à la bataille de Saint-Denis le 12 novembre 1567 à l’âge de 41 ans, que les châtellenies de La Suze, Coulans, Louplande, Brouassin , La Motte-Achard, la Butonnière ( Cne de Sarcé), Vilaines et Chambreil furent unies en un seul corps le baronnie, érigées en comté sous le nom de La Suze ; relevant nuement et en plein fief à une seule foi et hommage duroi, avec exercice de justice sous un seul degré de juridiction, par lettres patentes données au mois de février 1566, et enregistrées le 12 décembre, suivant ( réf. Dictionnaire de la Noblesse - t.IV, p.197-199 ).

La juridiction de ce comté de La Suze, s’étendait sur 30 paroisses, et 76 hommages. Sa Cour de Justice composée d’un bailli, d’un procureur fiscal, d’un  greffier en chef, et de plusieurs avocats et huissiers, siégeait tous les jeudis, de quinzaine en quinzaine, dans une pièce du château de La Suze.

Dessin, joint à un acte date du XIVème siècle sur l'Antique « Grant chemeing Manczois » - ( tracé jaune par Arnage - Gué Célard - Foulletourte ) - Document collection privée.

Gros ciblé sur une partie de l'agglomération de La Suze, vers 1810 - Situation et plan de masse du château dans le bourg  en 1810 - Réalisé à partir d'un plan des Archives départementales de la Sarthe.

De son mariage avec Françoise de Laval, fille de Guy de Laval, seigneur de Lezay, et de Claude de La Jaille, Nicolas de Champagne, eut,

- 1° Louis 1er, comte de La Suze, baron de Brouassin,, de La Motte-Achard, etc….
- 2° Brandelis de Champagne, auteur de la branche des marquis de Vilaines,
- 3° Perronnelle de Champagne, dames de Bazouges, épouse de Jacques, comte de Lorges et de Montgomer

Toute la vie de Louis 1er de Champagne, comte de La Suze fut consacrée, au service du roi de France, il participa à toutes les guerres de son temps. Sa brillante conduite au combat, son courage, le fit remarquer par Henri II, qui le nomma chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit, et en 1587,  le brevet de Conseiller d’Etat, et le grade de lieutenant-général des armées royales. Âgé de 32 ans, il fut tué à la bataille de Coutras le 20 octobre 1587. Il avait épousé le 2 mars 1572, Madeleine de Melun, dame de Normanville, qui lui donna,

- 1° Louis II de Champagne, qui en sa qualités de fils aîné  hérita de ses seigneuries,
- 2° Catherine de Champagne, dame de Nogent-sur-Loir, mariée à Amaury Goyon, marquis de La Moussaye,
- 3°  Françoise de Champagne *,
- 4°  Marie de Champagne *. ( * réf. Archives de l’église de Requeil - Testament de Me Jehn Guichard - procureur fiscal du comté de La Suze )
.

Louis II de Champagne, chevalier, commte de La Suze, de Belfort et de Ferrette, marquis de Normanville, baron de Brouassin, de La Motte-Achard, de Coullans, de Loupjlande, de La Butonnière, et autres lieux, appris le métier des armes sous Gustave-Adolphe, roi de Suède. 

De retour en France, suite à son mariage avec Charlotte de La Rochefoucault de Roye, il se convertit  au Calvinisme. Pour celui-ci, il défendit Soissons en 1617. En 1621, à la tête de la noblesse protestante de la Beauce, du Perche et du Vendômois, il s’empara de Jargeau, fief huguenot investi par l’armée royale. Attaqué, et devant la force, et le droit il capitula le 23 mai 1621 ; quelques jours après, il était vaincu à la lisière de la forêt de Marchenoir.

En 1622, avec une autorisation spéciale du roi de France, il devenait généralissime de l’armée de la République de Berne. Il ne rentra en France, qu’après la prise de La Rochelle, et exerça les fonctions de maréchal de camp du siège de Trèves. L’année suivante, il participa à la victoire de Coblenz, et à la prise de Freidemberg, puis au siège de Nancy. Louis XIII, lui confia en 1635, le gouvernement de Montbéliard, et le commandement d’un corps de troupes dans la Haute et Basse Alsace, à la tête duquel il s’empara du château de Rouppe, près de Belfort, occupé par les Croates.

Poursuivant sa marche victorieuse, le 19 juin 1636, il enleva le siège de Porentruy au général Coloredo, le 21 juin  1636, il s’empara de Belfort, le 25 juin 1636, la plu rande partie de l’Alsace était redevenue française. Le roi en récompense lui dona les seigneuries et les comtés de Belfort et de Ferrette, et le pays en dépendant, avec le commandement de ses places. En complément il reçut le brevet de lieutenant-général des armées royales, assortit d’une pension de 9.600 libres. Il mourut à Montbéliard en 1637. Son coprs fut transféré à Berne, où la République lui fit ériger un magnifique mausolée.

Louis II de Chamapge, eut neuf enfants,

- 1° Gaspard ( qui suit )
- 2° François-Marie, marquis de Normanville, tué en 1648, à la bataille de Lens, où il servait en qualité d’aide-de-camp du Prince de Condé,
- 3° Louis III, marquis de Lumigny, qui assistait comme volontaire à la bataille de Lens, où il subit le même sort que so frère François-Marie,
- 4° Josué, mort jeune,
- 5° Armand, mort au berceau uinze jours après sa naissance,
- 6° Ursule, mariée à César, marquis de La Musse-Ponthus,
- 7° Claude de Champagne,
- 8° Marie de Champagne,
- 9° Charmotte de Champagne, mortes sans avoir contracté d’alliances - ( réf. Dictionnaire de la Noblesse - t.IV, p. 193-195 ).

Gaspard de Champagne, pour son comté de La Suze, et ses dépendances, rendit aveu au rou de France en 1610. Son fils, renouvela cet acte en 1662 - Réf. A.N de France - P.362 - n°2 ; 357 ; n°34.

Gaspard, de Champagne, comte de La Suze, de Belfort et de Ferrette, baron de Brouassin, de La Motte-Achard, et autres lieux….fidèle à ses Aïeux, suivit les traces de son père et de ses grands-pères, en distinguant en plusieurs occasions au service du roi.  ; qui lui confirma en 1640 les comtés de Belfort et de Ferrette, donné à son père en 1636, ainsi que le gouvernement de ces places et le brevet de lieutenant général de ses armées dans la Haute et Basse Alsace.

Sa première union avec Henriette de Coligny, veuve de Thomas Hamilton, comte de Hadington, et fille de Gaspard de Coligny, duc de Chätillon, et maréchal de France, ne fut pas heureuse. Le Parlement annula ce mariage, par la suite, il épousa le 27 octobre 1662 par contrat, Louise de Clermont-Gallerande,, fille de Henri II de Clermont, marquis de Gallerande, et de Renée Moret. D cette secode union naquirent,

- 1° Thibault, comte de La Suze, mort aux mousquetaires, à l’âge de 18 ans,
- 2° Marie-Louise, née le 2 septembre 1663, et mrte à 21 ans, sans avoir été mariée,
- 3° Renée-Gabrielle, née le 1er janvier 1665, épouse de Jacques de Royers, chevalier, marquis de La Brizolliéres ( Armes -d’or à la fleur de lis, surmntée de deux merlettes affrontée de sable ). Elle mourut le 14 octobre 1713, à Brouassin, sa résidence habituelle
- 4° Madeleine-Françoise, mariée le 8 novembre 1699, dans la chapelle de Brouassin, à son cousin Jérôme-Gabriel de Champagne, comte de Vilaines - Réf. Dictionnaire de la Noblesse - t.IV ; p. 195- 196 - Registre le l’Etat Civil de La Suze, de Mansigné.

Gaspard de Champagne, ne laissa à ses héritiers, qu’une succession lourdement chargée de dettes, ui obligea ceux-ci en 1699, de vendre la baronnie de Louplande, à Jacques Gaignon, et celle de Coulans à M. Pasquier. Un rapide coup d’œil, nous fait constater, que toutes les dettes ne furent pas acquittées. En, effet, en 1716, Pierre Thomé, trésorier général des galères de France, fit saisir terres et seigneurie de Brouassin sur Jacques Royers. Celui-ci étant mort peu de temps après la saisie, celle-ci fut poursuivie sur messire Jacques Pitard, chevalier, de la Brizollière, mari de Louise-Gabrielle de Royers, héritière de son père, et Brouassin fut acquis le 2 juillet 1718, par Michel Chamillart, ancien secrétaire d’Etat de la guerre de Louis XIV - Réf. Cabinet de feu M. L. Brière.

Gros sur la cité de La Suze à la fin du XVIIIème siècle - Réalisé à partie d'un plan des Archives départementales de la Sarthe.

Maison de Clermont Gallerande,

Le 2 octobre 1718, Michel Chamillart revendait à messire Pierre-Gaspard de Clermont-Gallerand ( Armes - d’azur à trois chevrons d’or, le premier écimé ; supports deux lions d’or ). Dans cette vente, il se réservait néanmoins les dépendances de ladite terre de Louplannde, la seigneurie de Brouassin, et la forêt de la Chasse-Paillière, y compris «…. la lotie  eschangée « par ledit deffunt de La Brizollière avec le curé de SaitJean-de-La Motte, pour  l’estang de « La  Motte…..les lande des Avenages…..le moulin de La Motte, le Moulin Neuf et tout  ce qui « en dépend et est compris dans les baux des fermiers desdits moulins, avec les mouteaux et « sujets étrangers qui ont coutume d’y faire moudre leurs grains, lesquels auront la liberté « comme par le passé d’aller à l’un ou à l’autre desdits moulin de leur choix » - Réf. A.D.72 - Fonds du marquiisat de La Suze - Fief de Brouassin.

Quelques jours après, il leur céda lesdits moulins et l’étang de Bréviande à Saint-Jean-de-La Mootte, pour 9.000 livres.

Une liasse de documents de cette époque, nous dévoile, la répartition de la baronnie de Brouassin, dont la mouvance s’étendait sur douze paroisses, elle était composait, selon M. de La Brizollière de :

- quatre châtellenies dont : Brouassin, La Motte-Achard, la Turpinière et la Bustonnière, avec plusieurs fiefs réunis dont celui de l’Hommeau, et quelques autres…Elle fut élevée au rang de baronnie par le roi de France Henri II * ; pour faire un des membres du comté de La Suze, érigé en faveur de Nicoas de Champagne.

* - ( il semblerait, selon les documents authentifiés des A.D.72, que c’est le roi Charles IX, qui érigea la terre de La Suze en baronnie, en février 1566. La même érection concéda aux châtellenies de La Motte-Achard, la Butonnière et Brouassin, le titre de baronnie ; cette dernière absorbant les deux autres, en les amenant aux plaids de sa cour de justice.

Louis de Champagne, comte de La Suze, obtient la seigneurie de Mansigné,

- la seigneurie de Saint-Jean-de-La Motte,, et toute la paroisse, sauf la métairie de « Laulnay Briand » qui relève du roi de France,

- les trois quarts de Masignné, les tois quarts de Luché, qui en relèvent, la moitié de Pontvallain, Requeil, Yvré-le-Polin, Coulonget, Sarcey, Mareil-sur-Loir, Pringé. Dans ces deux derniers, le droit de planter des poteaux est accordé, comme partout ailleurs,

- les terres de Venelles en Lusché, avec le fief de La Chabossière, appartenant au seigneur du Lude, en relèvent.

- en Pontavallain, la terre des Touches, le fief du Bouchet Louis appartenant à M. DE La Martellière ; celui  du Bouchet aux Corneilles, appartenant à M. de La Roche de Vaux ; le fief de Malvaux appartenant au curé de Pringé ; le Grand et le Petit Moiré en Yvré-le-Polin , La Recherie ou Charbon en Coulongey et plusieurs autres.

Ainsi cette terre, s’étend dans une longueur depuis Le Chêne Notre-Dame, jusqu’au bourg de Sarcey,  et dans l’autre depuis le bourg d’Yvré le Polin, juqu'à celui de Mareuil.

En 1720, le marquis de Gallerande obtint du roi, des lettres-patentes pour soustraire du comté de La Suze, la baronnie de Brouassin, et l’unir à la terre de Gallerande.

Le lundi 14 avril 1721, les habitants de Saint-Jean-d-La Motte, furent rassemblés pour recueillir leur avis, et un procès verbal d’accord général de la population fut dressé par Maître René Barbot, notaire ; malgré l’opposition des officiers de la Sénéchaussée, la disjonction fut prononcée - Réf. A.D.72 - B.576.

Pierre-Gaspard de Clermont, né en 1682, fut successivement « mestre de camp », du régiment de Clermont-Dragons, puis du régiment Royal-cavalerie. Capitaine des Gardes du duc de Berry, petit-fils de Louis XIV, en 1711 ; chevalier de l’’orde royal et militaire de Saint-Louis ; brigadier de cavalerie et capitaine des gardes du duc de Chartres, fils du duc Philippe d’Orléans, régent de France en 1719 ; chevalier des Ordres unis de Notre-Dame du Mont Carmel et de Saint-Lazare, bailli de Dôle en 1722 ; premier écuyer du duc Louis d’Orléans en 1723 ; chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit en 1724 ; mestre de camp du régiment d’Orléans cavalerie en 1726 ; maréchal de camp en 1734 ; lieutenant-général en 1738 ; gouverneur de Neuf-Brisach en mars 1743 . Il participa activement à la guerre de Succession d’Autriche, et plus spécialement à la bataille de Fontenoy en 1745, à celle de Raucoux en 1746 et à celle Lawfeld en 1747. Il fut nommé gouverneur de Saintonge et d’Aunis par lettre-patentes le 24 septembre 1751 - Réf. Généalogie de la Maison de Clermont-Gallerand - t.XL, p.45.

Il mourut le 27 octobre 1756.
Marié par contrat le 7 avril 1706, à Gabrielle-Françoise d’O, il eut de cette union trois enfants,

- 1° Louis-Georges-Hippolyte de Clermont, né en 1708, mort le 1er janvier 1714,
-  2° Louise-Diane-Françoise de Clermont, née en 1710, 
- 3° Louis-Gaspard-Joseph de Clermont, comte de Clermont-Gallerande, né à Andoshelm le 17 avril 1744 et décédé à La Piltière à Mareil-sur-Loir le 28 mai 1837. Il s’engagea dans le régiment d’Orléans-cavalerie, où il devint cornette, puis capitaine en 1711, et enfin chef d’escadron en 1780. Démissionnaire en 1785, il fut nommé colonel des Gardes Nationaux de la Sarthe en 1815.

Louise-Diane-Françoise de Clermont, épousa,

- 1° Jacques de Clermont, seigneur de Saint-Aignan, son cousin, colonel du régiment Auvergne-infanterie en 1716, inspecteur d’infanterie en 1722, brigadier d’infanterie en 1734, blessé mortellement le 5 juin 1734 à Colorno, près de Parme en Italie,

-2° par contrat en seconde noce, le 5 mars 1738, elle se maria à Louis de Brancas, duc de Villars, pair de France et grand d’Espagne de première classe dont elle fut veuve le 24 janvier 1739.

Son père n’ayant pas d’enfant mâle à la date de son premier mariage, lui avait constitué en dot, sous la réserve d’usufruit, la terre de Gallerande, qu’elle vendit le 15 juillet 1772, pour 420.000 livres, à son cousin-germain Charles-Georges de Clermont, seigneur de Clermont - Réf. Annonces, affiches et avis divers pour la ville du Mans et pour la province du Mayne du 2 août 1773 - n°31.

Sceau de Pierre de Craon en 1381 - Document collection privée.

Elle fut dame d’honneur de Madame Henriette, deuxième fille de Louis XV, puis de la Dauphine, sa belle-fille, puis de la comtesse de Provence, belle-sœur de Louis XVI. Elle mourut en 1783 - Réf.Réf. Annonces, affiches et avis divers pour la ville du Mans et pour la province du Mayne du 2 août 1773 - n°39 ; p.44-47.

Charles-Georges de Clermont, marquis de Clermont-Gallerande, baron de Brouassin *, seigneur du Tronchet, en 1756 s’engagea dans le régiment des Mousquetaires du Roi. Il devint cornette en 1758, puis capitaine en 1760 au régiment d‘Orléans-cavalerie avec lequel il participa à la campagne de Hanovre, et fut élevé au rang de mestre-de-camp-lieutenant en 1766, avant l’âge réglementaire. Chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1771, brigadier de cavalerie en 1780, maréchal-de-camp en 1784, inspecteur-général de cavalerie en 1789, il immigra en 1791, mais revint en 1792, se mettre à la disposition de Louis XVI. Incarcéré pendnat toute la période de « la Terreur », il ne dut son salut qu’à la chute de Robespierre - 9 thermidor an II

* - d’anciennes bornes féodales, en grés, séparatives des châtellenies de Brouassin et de Roche de Vaux existent, et se rencontrent encore dans le pays. D’un côté aux armes de Clermont-Gallerande, de l’autre de Mailly. Deux se trouvent dans le parc de La Fontaine-Saint-Martin.

Il se renferma dans l‘absolu anonymat, et vécut dans la plus complète obscurité. Louis XVIII, l’éleva à la pairie, et au grade de lieutenant-général en 1814, puis de commandeur en 1816. Le 1er janvier 1823, il était fait Grand Croix de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis.

Le 18 juin 1808, il vendait les terres de Gallerande et de Brouassin à un armateur de Nantes, M. Dufour. Il mourut le 19 avril 1824, sans aucune postérité de son mariage avec Claudine-Césarien de La Tour du Pin-Montauban - Réf. Mémoires particuliers pour servir à l’Histoire de la Révolution Française - 3 volumes in-8°.

Droits et péages imposés par la châtellenie de La Suze,

Les tarifs du péage, et la nature des trafics….

Dans nos recherches, nous avons eu la chance de découvrir dans une première série de trois documents aux Archives départementales du 37, complétés par des informations contenues dans le Cartulaire de Château-du-Loir ; les péages perçus par Château-du-Loir et La Suze. Des rubriques indépendantes, nous ont fait penser que ces péages remontés à l’époque de Geoffroy, de Henry de Plantagenêt et ses fils, et à celle de Guillaume des Roches, sénéchal d’Anjou en 1199, et ses prédécesseurs.

Un ( incipit ) mention manuscrite, ajoutée en marge, de la même main, avec la même encre que le texte principale,
- « …..in honore archiepiscopi Gervasii, unum pedagium scilicet…… », laisse à penser, avec de très fortes présomptions, que ces péages ont été instaurés au moins au XIème siècle, sous l’évêque Gervais de Château-du-Loir, archevêque de Reims e 1055 ; que ces coutumes ont été mises par écrit plus tard vers XIIème siècle seulement.

Outre le Cartulaire de Château-du-Loir qui nous a été d’une utilité sans faile, un autre document, le manuscrit latin 9067, aimablement mis à notre disposition à l’époque de nos investigations - souligné par la vie en Anjou de J. Boussard - p.48 - 42.

Les Chartes de Château-du-Loir, d’Oizé et de La Suze, ne donnent pas seulement les coutumes des péages, mais également et surtout les spécificités locales, et plus particulièrement celles qui fixent les moulins et les fours banaux.

La manière dont sont détaillés les marchandises, et les droits s’y rapportant, est surprenante de précisions. Ces énumérations comportent les droits dus par une charrette chargée de blé, celle chargée de vin, celle chargées de noix, ou encore celle de sel à Château-du-Loir, à Oizé, ou à La Suze.

Les textes, dont nous nous sommes procurés un reproduction authentifiée, nous rappellent que ces droits sont exigibles en espèces.

Évidemment, il y a des exceptions, à Château-du-Loir et à La Suze, en ce qui concerne la viande boucherie,

- « De bove mortuo vendito, pectus ( poitrine ) »,

dans la Charte de La Suze, concernant le porc,

 - « de porco mortuo vendito, umbilicum / nonblicum ut habeat de corio sublevando cum pollice…. » - ( le cuir du ventre arraché à l’aide du pouce, préalablement introduit dans le nombril de l’animal ? ).

À La Suze, un homme transportant sa propre marchandise, un compagnon / un employé transportant la marchandise d’un marchand, 1 charrette chargée,  charrette vide destinée à transporter une ou des marchandise, n’avaient aucune redevance à payer.

Par contre,

- Par cheval en sus du limonier ( 4 deniers ) ; par charrette attelée d’un cheval, chargée de blé - ( 2 deniers ) ; chargée de vin ( 3 deniers ) ; chargée de sel (  2 deniers ) ; chargée de noix (  2 deniers ) ; 1 bœuf ( 1 denier ) ; 1 cheval ( 2 deniers ) ; 12 chèvres ou 12 moutons ( 8 deniers ).
Un cheval de trait est dénommé ( pectus ) il circule et franchit le pont du château gratuitement.

Pour 1000 harengs il en coûte 2 deniers, pour cent = rien ; l’huile ( la somme ) = 2 deniers ; le cuir ( le tacre ) = 2 deniers ; la charge de cire = 8 deniers ; la charretée de chaux = 2 deniers ; la charge de métal = 2 deniers ; le fer le cent = 8 deniers.

C’est vraisemblablement en monnaie mancelle, que sont payées les redevances. Ainsi, en 1264, l’amende de 10.000 livres infligée à Saumur, correspondait aux droits perçus pendant une année par les moines de Saint-Florent. Si les textes concernant les droits à Château-du-Loir, à Oizé et à La Suze, se ressemblent, en ce qui concerne ceux de La Suze quelques différences apparaissent. Il ne fait aucun doute que ces tarif sont exprimés en monnaie mancelle. En effet, nous avons pu constater, lors de la manipulation d’une masse de documents, tant au Mans, qu’à Angers et à Tours, que le denier manceau, avait approximativement une valeur double de celui des autres provinces. Selon le Traité numismatique du Moyen Âge de Blanchet et Dieudonné - t.IV - p.290 ; le denier angevin, et le denier tourangeau apparaîssent comme l’équivalent d’une obole mancelle.

L’examen minutieux des tarifs, entre ces trois seigneuries hfait apparaître des nuances, en fonction du moyen de transport de la marchandise

À Château-du-Loir, à Oizé, et à La Suze : porte-faix, bêtes de somme véhicules, ne payait rien, par contre à La Suze, un individu transportant lui-même sa marchandise ne paie rien, par contre si il est accompagné d’un porte-faix, celui-ci doit payer comme une bête de somme. À Château-du-Loir, à Oizé et à La Suze les taxes frappant les agnelets, la marée, le fil, la laine, les étoffes, le cordouan, et la tannée sont taxés, selon le nombre de chevaux attelés au véhicule de transport. Pour les petits animaux moutons, béliers ou chèvres la taxe à La Suze est calculée par deux, or qu’ à Saumur elle l’est par deux et aux Ponts-de-Cé par trois.

Le tarif des poissons de consommation courante comme les harengs, les seiches, les anguilles, sont fixés par milliers, quelquefois par centaines. Plus la quantité est importante moins on paie, à La Suze et à Oizé, une obole pour cent harengs, le double seulement pour un millier. Pour le saumon à La Suze, la taxe est indépendante de la quantité.

À Château-du-Loir, à Oizé, et à La Suze, les droits afférents aux animaux attelés ou non, sont sensiblement plus élevés, que dan le autres péages. À La Suze l’entretien du pont du château coûte très cher au seigneur du lieu, ceci peut expliquer la lourdeur des droits. 

Ce pont, unique, permettant de franchir la Sarthe dès le XIème siècle, entre Le Mans et Sablé, a été dès le XIIème siècle, a été lourdement taxé par le Sénéchal d’Anjou - Réf. Archives historiques du Maine - 1905 - t.VI - 90 - p.55 ; 91 - p.59 ; 92 - p.61. Complément d’informations dans le manuscrit en latin 9067 à la B.N.F. de Paris. Malheureusement aucun tarif, même indicatif, n’y est joint.

Ainsi, grâce à la masse de documents, que nous avons parcouru avec la plus extrême attention tant aux Archives départementales d’Angers, de Tours, du Mans, et à la B.N.F. de Paris, nous pouvons imaginer l’animation régnant sur le chemin antique du Mans à La Suze, se dirigeant vers Sablé, puis Laval, via Spay, Fillé, Roéze, Noyen, Avoise par la rive droite de la grande rivière Sarthe, et par la rive gauche, « le Grand chemin Mansais », via Arnage, Gué de Célhard, Malicorne, Parcé, Sablé. Sur ces deux voies, en partance de la cité Mancelle, le spectacle permanent et très haut en couleur, devait offrir un embouteillages, de véhicules hippomobiles de toutes sortes, de troupeaux plus ou moins importants, de cavaliers portant ou non en croupe, deuxième cavaliers ou des marchandises, porte-faix, des groupes de piétons.

Bien que n’ayant pu nous procurer, des informations précises quant à l’activité, sur ce grand cours d’eau pour et avant  le XIIème siècle, nous sommes en droit de penser, que l’activité fluviale n’était pas moindre. Cette activité semble confirmer, l’existence de tonlieux fluviaux, comme à Fillé, Roëze, La Suze, et en d’autres lieux.

D’une façon générale, un point est à retenir, l’activité sur les deux voies de terre, et sur la Sarthe, confirme l’accroissement des péages, à partir du XIème siècle, et plus particulièrement au XIIème siècle. Indice incontestable d’une politique déterminée, et d’une évolution croissante de l’économie - Réf. Cartulaire noir de la Cathédrale d’Angers - LVII, et la Charte de 1093 de Foulques le Réchin.

Quelques indices, nous éclairent plus précisément, dans le Cartulaire des abbayes de La Couture et de Solesmes - X - p.13 - 21, en 1050, les moines de ces deux abbayes sont libérés de tous péages. En 1103, Hélie de La Flèche, comte du Maine exempte les moines de Marmoutier de péages sur ses terres.

Carte des points du péage féodal - Document collection privée.

Les foires également se développent, et deviennent beaucoup plus nombreuses, Le Cartulaire de Château-du-Loir - 90 - 91 -92, mentionne celles du Mans à la Pentecôte, et celle de la Nativité de Saint-Jean-Baptiste le 24 juin, et précise que la Charte de La Suze, impose un péage aux marchands qui s’y rendent.

La prolifération des péages, indiquent, le désir des seigneurs locaux de se procurer facilement, et rapidement des espèces sonnantes et trébuchantes.

Le seigneur de La Suze,
Les bourgs de Fillé, de Louplande et de Voivres.

Il importe d’insister  sur un point, qui nous est apparu essentiel ( fascicule 71 des publications de la Faculté de lettres de Strasbourg - au Moyen Âge, les établissements religieux s’efforcent de sauvegarder, et surtout de maintenir, l’ancien système d’exploitation agricole gallo-romain : la villa, qui s’est poursuivi, sous l’époque Mérovingienne, puis Carolingienne ; et que les corvées imposées aux tenanciers perdurent. Il rappelle à ceux-ci, avec force et insistance un régime où ils collaboraient à la mise en valeur de la réserve seigneuriale dans le Maine.

La connaissance de ces documents authentifiés, nous font remarquer que les établissements religieux, modifient leur politique.

Passé la période Mérovingienne, puis pendant la première moitié de la Caroligienne peu de terres sont cultivées, isolées le plus souvent dans de vastes friches. L’univers forestier domine, et les cultivateurs, ne sont pas très nombreux. Les villae comparables à celles décrites dans le Polyptique d’Irminon, sont excessivement minoritaires. C’est alors, que sous l’impulsion monastique, nous assistons à de véritables organisations de défrichements, comme nous l’avons constaté dans la réalisation de l’Histoire de Fillé-sur-Sarthe.  Les moines bénédictins de Saint-Vincent, de La Couture, favorisent, patronnent des regroupements de villageois, qui vont constituer en tout premier lieu le bourg, puis des écarts, devenant progressivement des hameaux. Ce système, est précisé par la multiplication de parcelles géométriques, de petites et de moyennes grandeurs que nous avons constaté.

Nous ne pouvons penser, à des grands domaines, par le suite partagés - Métais -  1894 - t.II ; n°324 - Cartulaire de Saint-Vincent - 844. Ces documents, et d’autres aux A.D.72, nous indiquent, que les bourgs comme celui de Fillé, de Louplande, de Voivres et quelques autres en Sarthe-aval, servaient à loger les « hôtes » c’est-à-dire des gens venus d’ailleurs, mais destinés à cultiver et à faire produire la terre qui leur était donnée ou confiée, qu’il fallait défricher, nettoyer. Lors de l’exploration des documents d’Archives, une très grande prudence s’impose, discerner le vrai du faux, surtout dans les textes ayant été utilisés pour les différentes formes d’études sur le Comté du Maine Xème au XIème siècle - par exemple le retentissant procès entre les Chanoines de Saint-Pierre-de-la-Cour au Mans, et les religieux de l’abbaye de La Couture du Mans, concernant la dîme de Louplande et celle de Voivres.

Les règles de la fondation des bourgs, par exemple de Fillé-sur-Sarthe, de Loupelande et de Voivres et d’autres de Sarthe-aval, sont restés très vagues dans les Chartes originelles.

Il s’agit souvent des clauses concernant plus spécialement les banalités :

- banalité du four - banalité du moulin - banalité du pressoir

Dessin représentant un pressoir à raisin du XIème siècle au XVème - Document collection privée.

La notion « bannum », reste encore au XIème siècle imprécise ; la lecture de documents et de textes le plus souvent en bas-latin, donne des notions imprécises. Sans prétendre à en définir l’origine, il semblerait que la notion du droit de ban, tout comme « la vicaria », soient nés de l’effondrement de la souveraineté , et de l’accaparement par les seigneurs de cette portion de pouvoir royal devenus vacants. Ce n’est que progressivement, après un début flou, que les seigneurs ont compris, la source de revenus que le «  bannum » pouvait leur apporter. Ils ont incorporé dans leurs droits et privilèges, le droit beaucoup plus concret de monopoliser le droit du moulin, celui du four, et celui du pressoir.

La construction de bourgs dans le Maine, et dans la région Mancelle du Val de Sarthe, pendant le Moyen Âge ; n’est qu’un aspect de la vie rurale Sarhoise. Mais c’est aspect d’une extrême importance. Si l’on ne se réfère pas, à des documents fiables, on est évidemment tenter de définir de nombreux bourgs datant de cette période médiévale, comme beaucoup plus ancien ; les romains présentant un excellent palliatif. Les « villae gallo-romaines », ont certes existaient, mais, attention,,  il ne faut pas déraper.

La présente étude, peut-être considérée, comme un complément à celles que nous avons effectuées, sur Fillé-sur-Sarthe, et Guécélard.

Un fait apparaît irréversible, toutes les fois qu’un seigneur, en l’occurrence le seigneur de La Suze, autorise les abbayes de Saint-Vincent, et de La Couture, à fonder un bourg, comme ce fut le cas pour Fillé-sur-Sarthe, Parigné-le-Polin, et Guécélard.

La féodalité,
Distinction entre le système féodal, et le système seigneurial.

Le système féodal, est un système politique, à la base duquel se trouve le contrat de fief, n’est dans la période où nous évoluons sur La Suze ; qu’une dépendance du régime seigneurial.

Le régime seigneurial englobe à la fois les rapports entre suzerain et vassal, et les rapports de seigneurs à sujet, à tenancier, et à serf. Vers le XIIème siècle, et le XIIIème, les rapports dans notre région s’inverseront. En premier point la féodalité s’imposera, jusqu’au jour où la royauté l’absorbera.

Pris dans son ensemble, le régime seigneurial, est dominé par l’individualisme. Le principe fondamental du régime seigneurial est l’ordre et la cohésion. Si la féodalité à une fonction rénovatrice, elle la partage avec la communauté du peule, de l’église, de la chevalerie, et surtout avec la royauté.

Sigillographie des seigneurs de Craon,
Branche de : La Suze.

Octobre 1312, lettres par lesquels, le roi de France Philippe IV dit le Bel, ratifiant le mariage de Amaury III, seigneur de La Suze, avec Béatrix de Roucy - Archives de La Trémoilles - Lettres royales - t.IV - p. 264-290.

Vers 1315 - le 19 novembre 1376.

Le 26 janvier 1333, lors du décès d’Amaury III, l’épanouissement de la famille de Craon était au zénith, comme pour les générations précédentes, un descendant mâle, garantissait la continuité. Le petit-fils du défunt Amaury IV, âgé de huit ans. Mais, le jeune enfant héritier de la dynastie, avait quatre oncle, issus d’un second mariage d’Amaury, sire de Chantocé, Pierre, Guillaume et Jean, ce dernier ayant délibérément choisi de rentrer dans les Ordres.

Malgré, le nombre de ses descendants, et la richesse des titulaires, le nom de : D Craon, ne devait être porté que pendant un siècle et demi. Amaury IV, devait mourir, sans héritier légitime en 1373 . Les fiefs lui appartenant, le tout dernier rameau de ses oncles devait disparaître à son tour, dans le dernier quart du XVème siècle. 

Cet indispensable préambule, étant fait, il ne nous reste plus qu’à examiner la branche Cadette.

Nous allons nous intéresser aux possesseurs du fief de Craon. Dans cette étude, vont apparaître des personnages, plus ou moins importants, et parfaitement inconnus. Elle aura l’avantage de faire apparaître des dates, et mettre en exergue des noms de familles.

Pierre de Craon, seigneur de La Suze,

Pierre, troisième fils d’Amaury III, est connu comme seigneur de La Suze, mais avant de lui appartenir ce fief était passé entre les mains de son aîné, sire de Chantocé. Celui-ci qui était majeur en 1333, possédait depuis le 9 novembre 1328, le fief de La Suze, comme fils aîné de Béatrix de Roucy, qu’elle-même avait reçu de sa grand-mère Béatrix de Dreux. Le décès de son grand-père, Amaury III fit de Pierre de La Suze, seigneur de Chantocé et d’Ingrandes  , comme le prouve le Cartulaire de Craon - n° 439 ;  441 ; et 815. La mort l’ayant touché à son tour le 7 mai 1334, la Suze devint le patrimoine de son cadet Pierre. Quant à Chantocé et à Ingrandes leur sort fut différent. À ce jour, aucun document testamentaire ne nous a éclairé. Les coutumes dictaient dans les successions collatérales et plus spécialement dans la succession entre Amaury IV, et ses oncles Pierre et Guillaume, des accords réglèrent cette situation le 31 janvier 1341 - Réf. Cartulaire de Craon n°820 et 821.

Pierre , fut donc la tige de la branche  de Craon-La Suze *

* - Il ne faut absolument pas confondre Pierre de La Suze, fils d’Amaury III, avec son neveu Pierre, du même nom, fils de Guiaume I, seigneur de Rozoy, puis seigneur de La Feté-Bernard ; il ne faut également pas confondre, Pierre de La Suze assassin de Clisson. Les registres sont très nettement différents.

il devint trois ans avant sa mort, et au décès de son neveu Amaury IV, le chef du nom, de la Maison Craon-La Suze, et porteur de armoiries. L’examen de pièces d’archives prouve, qu’il serait né vers 1315, puisqu’en mars 1336, il était âgé de vingt ans. Son frère Guillaume, à cette époque n’était ps né.

Il fut marié deux fois :

- 1° - à Marguerite de Pons,
- 2° - puis à Catherine de Machecoul.

De Marguerite de Pons, il ne fut que le troisième époux, celle-ci avant de l’épouser, avait été marié à Pons de Mortagne, vicomte d’Aunay, puis d’Eschivard et de Chabanais. Une sombre et rocambolesque histoire en découle ; sans grand intérêt pour la tige des « La Suze ».

2ème Sceau de Pierre de Craon en 1381 - Document collection privée.

Le premier mariage de Pierre de La Suze, apparaît comme antérieur au 31 janvier 1341, car les droits éventuels de Marguerite de Pons à un douaire sur Briolay et Pressigny sont mentionnés dans les accords passés à cette date entre Amaury IV et ses oncles : Pierre de La Suze, et Guillaume, vicomte de Châteaudun - Réf. Extenso Cartulaire de Craon n°820 et 821. C’est tout ce que nous avons découvert lors de nos recherches sur ce mariage stérile, ne laissant aucun descendant. Marguerite de Pons est morte, nous n’avons pas pu découvrir la date de son décès et le lieu de sa sépulture.

Accord homologué au Parlement de Paris le 31 janvier 1346, entre Amaury IV, et Pierre de La Suze, réglant leurs droits respectifs sur Chantocé, Ingrande, Pressigny et Brilay - Réf. A.N. de Paris - Xic - 3b - n°252.

Westminster - 6 juillet 1358, sauf-conduit à Alain du Plessis, écuyer de Pierre de La Suze , est accompagnant celui-ci.

Aux A.D.- 49 et 53, des actes attestent que le 21 juillet 1368, Pierre de La Suze était marié en secondes noces à Catherine de Machecoul. Toujours selon les mêmes sources, il serait préférable de faire remonter cette alliance aux années 1355 et 1361 ; en effet, Jean, l’aîné des enfants était majeur, donc 20 ans en 1382 ; ce qui donne une année de naissance en 1362.

Le roi Charles V dit le Sage, donne en juillet 1369, les terres confisquées sur Marguerite de Buçay, qui en avait fait don à Simon Burleigh, son mari

Le décès de Pierre de La Suze se situe le 19 novembre 1376, il fut enseveli aux Cordeliers à Angers, dans la chapelle de Craon. Quant à Catherine de Machecoul, si l’on ignore la date exacte de sa mort, que l’on place néanmoins vers le 14 janvier 1410, on ne connait pas plus le lieu de sa sépulture. Si l’on ne possède aucun moulage du sceau de Pierre de La Suze, on sait qu’il portait,

- « losangé d’or et de gueules à un label d’azur » - réf. Gaignières - ff.22450 - folio.322.

C’est vers janvier 1383, qu’appartiennent les solutions apportées aux différents qui existaient entre les aînés et la branche cadette de la Maison de Craon, qui découlaient de l’exécution des engagements pris par Amaury III, seigneur de La Suze, dans son contrat de mariage avec Béatrix de Roucy, au profit des enfants de cette dernière. Louis de Sully, était mort depuis six mois lorsque, le 6 août 1382, fut rendu par le Parlement de Paris, sur l’instance qui existait entre Isabelle et Pierre de Craon. Le 1er décembre 1389, Isabelle passa un accord avec Jean de Craon La Suze, et Pierre son frère.

C’est vers janvier 1383, qu’appartiennent les solutions apportées aux différents qui existaient entre les aînés et la branche cadette de la Maison de Craon, qui découlaient de l’exécution des engagements pris par Amaury III, seigneur de La Suze, dans son contrat de mariage avec Béatrix de Roucy, au profit des enfants de cette dernière. Louis de Sully, était mort depuis six mois lorsque, le 6 août 1382, fut rendu par le Parlement de Paris, sur l’instance qui existait entre Isabelle et Pierre de Craon. Le 1er décembre 1389, Isabelle passa un accord avec Jean de Craon La Suze, et Pierre son frère.

Le 24 février 1387 - Mandement portant ajournement de l’instance pendante entre Isabelle, Guy  VI de Laval, et Marie de Sully, d’une part, et de Catherine de Machecoul et Pierre de La Suze tant en son nom que comme bail de Pierre, son fils, et Jean de Craon, chevalier, son fils aîné - Réf. A.N. de Paris - Xia.35 ; folio.203 ( Ce document semble établir que Jean est l’aîné, et Pierre le cadet ).

Lettre de décembre 1389 - Paris - transaction confirmée en Parlement le io décembre, entre Jean et Pierre Craon La Suze, et Isabelle, au sujet de la succession de Craon. Jean reçoit Chantocé, Ingrandes et Briolay - Réf. Cartulaire de Rais - n°178.

La lecture, du contrat de mariage d’Amaury, petit-fils de Pierre de La Suze, avec Marie d’Amboise, fille de Jeanne de Craon daté du 14 janvier 1410, ne laisse aucun doute : 

* Rectificatif - Pierre n’était pas l’aîné, mais le cadet des fils, quant à Jeanne épouse d’Ingelger d’Amboise, puis de Pierre de Bauvau, elle n’était pas la fille de Pierre de La Suze, mais celle de son neveu Pierre de La Ferté-Bernard.
Deux enfants,  selon les actes archivés, sont officiellement issus de l’union de Pierre de La Suze avec Marguerite de Machecoul : Jean et Pierre.

- Jean, à la mort de son père devint le chef de la Maison de La Suze, et devint chevalier vers 1382.

- Pierre, semble avoir vécu jusqu’au 1er décembre 1389, sous la tutelle de sa mère.


Branche Jean de La Suze

Jean de La Suze, est donc le fils de Pierre de La Suze, et de Catherine de Machecoul. Il devint propriétaire du fief de La Suze, le 19 novembre 1376 ; aucun acte antérieur n’ayant été trouvé avant son aveu pour Gaumetz le 13 avril 1382 - Réf. Cartulaire de Craon - n°838, si besoin est consulter le n°840.

Jean de La Suze, était chevalier les fiefs dont il était nanti étaient suffisamment importants, pour qu’il banneret, le jour où il fut élevé au rang de chevalier.

Il épousa d’abord Béatrix de Rochefort. Dans la plupart des cas, au Moyen Âge, il n’est pas possible de calculer l’âge d’une femme noble par la date de son mariage ; à cette époque en effet, l’usage était de passer le contrat des filles alors qu’elles étaient dans la plus jeune enfance. Cette difficulté ne semble pas avoir existé pour Marie de Craon, qui à la fin de 1404, mettait au monde le très célèbre Gille de Rais/Retz.

De cette union avec Béatrix de Rochefort, sont nés,  une fille Jeanne, l’aînée, et un fils Amaury. Béatrix fut l’épouse de Jean de La Suze, pendant une quarantaine d’années, elle succomba le 18 juin 1421, et fut ensevelie dans une tombe à la chapelle des Cordeliers d’Angers, où onze plus tard on plaça le corps de Jean de La Suze ( mort le 25 novembre 1432, et non en 1427, comme souvent indiquée ).

Amaury de La Suze, fils de Jean, fut tué à la bataille d’Azincourt le 25 octobre 1415, n’ayant plus d’héritier mâle, Jean de La Suze, ne tarda pas à se remarier. Onze mois, après son veuvage de Béatrix, il épousé Anne de Sillé, fille de Guillaume, seigneur de Sillé-le-Guillaume, et de Pernelle de Coesmes. Orpheline de bonne heure, son père ayant été tué dan l’expédition de Nicopolis ( Sigismond 1er, roi de Hongrie et le Pape Boniface IX, organise, une croisade pour contrer l’avance des forces de l’empire Ottoman dans les Balkans. La France envoie 10.000 combattants ). N’ayant plus de frère, Anne se trouvait donc héritière, et de ce fait à la tête de la Maison de Sillé.

Marie de La Suze, enfant premier du mariage de Jean de La Suze et de Béatrix de Rochefort, en 1404, elle était suffisamment âgée pour donner le jour à un fils, tandis que son frère le 1er octobre 1412, n’était pas encore majeur. La date de la naissance de Marie, nous n’arrivons pas à la situer avec exactitude, nous la plaçons en 1384 ; mais nous pourrions tout aussi bien la retarder de deux à trois ans. Le 5 février 1404, est la date de l’acte mettant fin à la rivalité entre Guy de Laval, seigneur de Blaison, et Jean de La Suze, concernant la succession de Retz - Réf. Cartulaire de Craon - n°874.

Onze mois, après son veuvage de Béatrix, il épousé Anne de Sillé, fille de Guillaume, seigneur de Sillé-le-Guillaume, et de Pernelle de Coesmes. Orpheline de bonne heure, son père ayant été tué dan l’expédition de Nicopolis ( Sigismond 1er, roi de Hongrie et le Pape Boniface IX, organise, une croisade pour contrer l’avance des forces de l’empire Ottoman dans les Balkans. La France envoie 10.000 combattants ). N’ayant plus de frère, Anne se trouvait donc héritière, et de ce fait à la tête de la Maison de Sillé.

Jeanne la Sage….
Comment Guy II de Laval-Retz, devint seigneur de La Suze.

Il ne faut pas occulter, qu’au Moyen Âge les possesseurs de fiefs n’aient pas le droit de disposer d’une façon absolue des biens qu’ils tenaient par héritage. Les seigneuries devaient passer au plus roche par le sang? et il n’était pas permis de les détourner des têtes que la coutume désignait. à la fin du XIVème siècle, l’héritière du fief de Rais / Retz était Jeanne dite La Sage, fille de Girard Chabot IV et de Philippe Bertrand de Rouxeville, qui avait été investie du fief en 1371, suite au décès de son frère, né posthume Girard Chabot V. Elle avait été fiancée d’abord à Roger de Beaufort-en-Vallée, puis le 8 juin 1379, avait épousé sans dispense Jean Larchevêque, fils aîné du seigneur de Parthenay, et avait vu annuler presque cette alliance, à cause de la parenté qui existait enntre les conjoints - Réf. Cartulaire de Rays - n° 171 et 172.

Après ces deux cuisantes et infructueuses tentatives de mariages, Jeanne y renonça. Son opulente succession suscita de réelles et insistantes convoitises, qui se croyaient et même s’imaginaient des droits su elle. Les compétiteurs étaient au nombre de deux :

- Jean de La Suze, fils de Catherine de Machecoul, arrière-petite-fille d’Eustache Chabot, ne pouvait se dire le plus proche héritier qu’en établissant la validité de l’exhérédation de Jeanne la Folle, prononcée par le père de celle-ci, lors de son mariage avec Jean de la Muce, exhérédation qu’elle avait elle-même ratifiée l’authenticité.

Sceau de Jean de Craon en 1379 - Document collection privée.

- Guy II de Laval, seigneur de Blaison, était le petit-fils de Jeanne la Folle, plus proche en degré par conséquent, à condition de prouver la nullité du précédent acte. Bien que dès avril 1336, Olivier de Clisson, choisi comme arbitre dans ce différent, se fut prononcé contre la validité de la renonciation de Jeanne ; cette question douteuse, fut présentée au Parlement de Paris.

Sceau de Guy II de Laval-Craon - Document collection privée.

Un acte daté du 5 février 1404, intervenait : Guy II de Laval, s’engageait à épouser Marie de Craon, fille de son adversaire, lequel de son côté, et en considération de cette alliance, renonçait à ses prétentions sur la succession de Retz. Cinq mois après, le 24 juillet 1404, par acte daté de Palluau, Jeanne investissait Guy du fief de Retz - Réf. Cartulaire de Craon - n°875.

Jean de La Suze, en faisant apposer son sceau au contrat de sa fille avec Guy de Laval, renonçait à tout jamais, pour lui-même, et ses descendants à toutes prétentions sur le fief de Rais /Retz. Histoire, nous dévoile, qu’il aura échoué, car les événements historiques qui vont se dérouler. Par le jeu, de la succession toute entière, en le chargeant du bail de son héritier, il allait devoir assumer la responsabilité de scandales qui firent frémir la France du XVème siècle.

La date de la mort de Marie de Craon - La Suze, est restée inconnue. Cette lacune a permis à certains historiens, de la faire survivre à son époux Guy de Laval - Retz, et de lui faire épouser en secondes noces, Charles d’Estouteville,seigneur de Villebon….? ( nous n’avons trouvé aucune validation de ce fait ).

Guy II de Laval -Retz, fit son testament les 28 et 29 octobre 1415, et mourut sans doute peu après. Marie de La Suze, son épouse, l’avait précédé dans la tombe, aussi dans  ce testament précise-t-il :

- « …..juxta sepulturam dicte carissime defuncte uxoris nostre Maria de Crenodio ».

Guy laissait deux orphelins : Gilles, le futur Maréchal de France, alors âgé de dix ans, qui devait être un jour, seigneur de La Suze. Dans son testament Guy avait confié la tutelle de ses fils, à son Jean de Tournemine, seigneur de La Hunaudaye, son cousin par sa femme, Jeanne de Saffré. Suite au décès de Jean Tournemine, en 1427 ( date estimée par La Chenaye ), cette clause de tutelle ne fut pas exécutée. Selon la Coutume de l’époque, la tutelle fut reprise par le grand-père maternel Jean de La Suze. Selon de nombreux éléments de différents documents aux Archives départementales, celui-ci fit une démonstration de faiblesses . Toutefois, on peut se demander, dans quelle mesure Jean de La Suze, a pensé respecter à la lettre les dernières volontés de Guy,

- « Item ego volo et ordino quod dilecti mei magistri Georgius et Michael  sint et « remaneant cum liberis meis, sicuti mecum sunt, fuerunt et remanserunt, ad gagia sua « consueta, videlicet ut sint in casibus, consiliis, negotiis et gestis liberorum meorum, « fideles consiliarii, adjutores favorabilesque et suorum jurium defesores ».

Si l’on considère que Jean de La Suze est né en 1362, en 1415, il est donc âgé de cinquante-trois ans. Ce qui, pour l’époque concernée, est peut-être un âge avancé. Plusieurs Historiens estiment, que cinquante-trois ans ne peut-être considéré comme un « moult grant âge….. ? », à moins d’être touché par des infirmités précoces.

Il est possible, de penser, que Jean de La Suze, n’a pas su, ou n’a pas pu imposé une stricte discipline, une autorité adaptée à l’esprit tourmenté, aux penchants naturels qui émanait de son petit-fils, Gille de Rais-Retz. Toutefois, il s’employa à lui trouver une compagne digne de son rang.

Tombeau d Guy II - Document collection privée.

Cartulaire de Craon
n°922 et 923

* - 6 août 1377
     Guy de Laval, seigneur de Pacy-sur-Marne et des Brévières, fait hommage à
     madame de La Suze, pour les Brévières et  Vieille église, terres tenus de la 
     terre des Essarts - Réf. Archives de Rambouillet - Fonds du comte de Dion.

* - 18 avril 1382
     Aveu de Jean de La Suze, chevalier, pour le fief de Gaumetz - Réf. Mémoires 
     de la Société de Paris et de l’Ile-de-France - t.II ; Histoire de la seigneurie de 
     Bures - p.200 et 228.

* - 29 avril 1396 - Paris
     Jugé du Parlement dans la cause intentée par Pernelle à Catherine de 
     Machecoul, à Jean de La Suze, chevalier, et à Pierre, son frère, écuyer, ses 
     enfants afin d’obtenir ses droits de douaire sur Chantocé et Ingrandes. Tristan 
     était défunt ( décès entre le 15 mars et le 29 avril 1396 ) - Réf. A.N. de Paris - 
     Xia43 - folio.302.

* - 19 novembre 1399
      Renaud d’Angennes, seigneur de Rambouillet, fait hommage à Jean de La 
      Suze, seigneur des Essarts - Réf. Archives d Rambouillet.

* - 24 février 1394 - V. S.
     Engagement de Jean de La Suze, de payer à l’Hôtel-Dieu d’Angers les    
     arrérages qui lui sont dus sur le sel, au passage de Chantocé - Réf. A.D. 49 -
     A1 , folio.89.

* - 5 novembre 1400 - Briolay
     Mandement de Jean de La Suze, au profit de Chaloché - Réf. B.N.F. de Paris - 
     F. fr. 22450 - folio.322.

* - 9 novembre 1402
     Jean de Vilhier, seigneur de Pacy, fait hommage à Jean de La Suze, seigneur 
     des Essarts-le-Roi, pour les Bréviaires - Réf. Archives de Rambouillet.

* - 5 février 1403 - V. S.
      Contrat de mariage de Guy de Laval, seigneur de Blaison, avec Marie de 
      Craon, Jean de La Suze s’engage en faveur de cette alliance, à renoncer à ses 
      Prétentions à la succession de Retz - Réf. Cartulaire de Rays - n°238.

* - 24 juillet 1404 - Palluau
     Jeanne de Retz abandonne à Guy de Laval-Retz, les fiefs de Retz, de La Motte-
     Achard, les Chênes, et La Mauvière, moyennant une rente viagère, qui sera de 
     soixante écus par mois - Réf. Cartulaire de Rays - n°205.
     
* - 17 mars 1406 - v. s.
     Jean de La Suze, vend à Renaud d’Angennes, avec la seigneurie des Essarts, 
     celle du Perray, et une maison sis à la Villeneuve-de-Blairon, mouvant en fief
     de Madame de la Rivière, à cause de Rochefort - Réf. Archives du domaine de 
     Rambouillet.

* - 6 décembre 1411 - Etampes
     Monstre de Jean de Craon - Réf. Clairambault , XXXVI , n°2742.
     « La monstre de seigneur-messire Jehan de Craon, chevalier banneret, 
     « seigneur  de La Suze, de six autres chevaliers bacheliers, de six vins trois 
     « escuiers de sa compagnie, recue à Estampes, le Viè jour de descembre 
     « 1411.… 

* - 4 janvier 1416 - v. s.
     Contrat de mariage de Gilles de Retz, avec Jeanne Peynel, passé par Jean de 
     La Suze, d’une part, Charles de Dinan, seigneur de Châteaubriant et 
     Marguerite, sa fille, mère de Jeanne, de l’autre - Réf. Mémoires de 
     l’Académie des Inscriptions, XXXIV, 387.

* - 28 novembre 1418
      Contrat passé entre Alain VIII de Rohan, et Jean de La Suze, portant sur un 
      projet de mariage entre Gilles de Retz et Béatrix de Rohan * - Réf. Preuves - 
      t.II, page 975 ; B.N.F. de Paris F. fr. 22430 folio.97.

     * Cette Béatrix ne figure dans aucune généalogie, ni dans le tableau donné 
        par dom Morice, ni dans celui du tome 1, de l’Histoire de Bretagne.

* - 11 juillet 1420 - Nantes
     Jean V, donne à Jean de La Suze, et Gilles de Laval-Retz, toutes les terres 
     que les Penthièvre possède dans leurs fiefs *- Réf. Cartulaire de Rays - n°242.

     * - Ces lettres furent données par la duchesse pendant la captivité de Jean V,
         arrêté traiteusement à Chantoceaux, le 13 février 1420, ne fut remis en   
         liberté que le 50 juillet 1420.

* - 16 octobre 1420 - Vannes
     Acte de constitution de la ligue des seigneurs bretons, en suite de l’attentat 
     contre Jean V. Guyon de Laval, seigneur du Gavre, et de Monfort, héritier
     présomptif des terres de Laval, et de Vitré, et Jean de La Suze, garde du sire
     de Retz, figuraient dans la listes des ligués - Réf. Histoire de Bretagne, tome II
     - 1060.

* - 9 mai 1422 - Nantes
     Ventes par Jean II de Coêsmes, à Jean de La Suze, son parent par la dame de 
     La Suze, de Lucé, de Pruillé l’ Eguillé - Réf. Les Coësmes par Alouis - 1ère 
     partie de 1370-1508 , page 150.

* - 31 mars 1424 - v. s. Averse
     Lettres de Louis III d’Anjou, portant procuration à Jean de La Suze, Guy XIV 
     de Laval, et Estiene Filastre, pour traiter de son mariage avec Isabelle de 
     Bretagne -
Réf. Preuves - t. II , 1169.

* - 25 janvier 1433 - v. s. - Nantes
     Lettres par lesquelles Gilles de Retz, seigneur de La Suze, liquide les droits de 
     son frère René, dans les successions de sa famille - Réf. Cartulaire de Rays - 
     n°247.

Entête - « Sur la requeste, pétition et demande faite de la part de noble et « puissant messire René de Rays, chevalier, à noble et puissant seigneur messire «  Gilles de Ryas, baron et seigneur de Laval et de Rays, seigneur de La Suze,    «  frère aisné dudit René, enfans de feu en son vivant seigneur de Rays, et de    «  feue Marie de Craon, fille de feu messire Jehan de Craon, jadis chevalier, en   «  son vivant seigneur de La Suze, et de Champtocé, et de dame Béatrix de        «  Rochefort, sa femme, aïeul et ayeulle en lignage naturel auxdits Gilles et René «  de Rays et d’avoir celuy René et luy estre baillé par ledit Gilles, son frère aisné «  et héritier principal de leurs dits père et mère…….à paléographier.     

          * - 14 juin 1442
               Accord entre Jean le Boursier, d’une part, et Jean de Vendôme, Catherine de   
              Thouars, et René de La Suze portant contrat entre Prégent de Coëtivy et Marie 
              de Retz.

* - 26 juillet 1443 - Tiffauges
    Accord entre Prégent de Coëtivy, d’une part et Jean de Vendôme, Catherine de 
   Thouars, et René de La Suze d’autre part, portant modification au contrat du 
   14 juin 1442 - Réf. Archives Historiques de la Saintonge et de l’Aunis - t.VI - pages 71      et 80.

Après le décès de son père, Guy de Retz, Gilles de Retz, alors âgé de onze ans, avait hérité en sa qualité d’aîné, de tours les fiefs de la « Branche Laval-Retz » ; le 8 décembre 1432, la mort de son grand-père, âgé de soixante dix ans, lui donne la totalité des fiefs des Craon-La Suze. Les droits de son frère René, sur cette immense fortune, s’élevait à l’époque à 6.000 livres de rente. Gilles se borna par acte le  25 janvier 1334, à ne lui octroyer que 3.000 livres, en lui établissant ceux de ces domaines qui allaient lui appartenir. La Suze, revenait donc à Gilles - Réf. Cartulaire de Craon n° 928.

* - 6 octobre 1457
    Aveu, rendu à Charles, cote du Maine, baron de Mayenne, par Anne de Sillé, 
   dame de La Suze, pour «  La loge de Bercon, la Martelerye, le Duffaiz » - 
   Réf. A.D. 72 - Bilard - tome II - n° 482.  

Nous n’avons retranscrit ci-dessus qu’une petite partie du Cartulaire de Craon.  

 Tableaux des péages, dont ceux à La Suze du XIème siècle et au XIIIème - Document collection privée.

Petit lexique médiéval de la féodalité dans notre région,
Que nous avons « glaner » dans des documents du XIème siècle au XVIIIème :
 * - aujoler  désigne : les travaux d’hiver » ;  bordières : terrain laissé sur le bord d’un fossé du côté du voisin ;  brumales  : qui se coupe tous les sept ans ; chaintres  : bande de terre laissée libre, le long d’une haie  ; charte : véhicules hippomobiles agricoles à un essieu - charrette, tombereau, carriole, etc ; chévenotes : désigne le chanvre ; clan : barrière fermant un champ ou un pré ; closeaux  :  sont considérés comme champs et soumis à l’assolement ; comble : on entend par comble, tout ce qui peut être mis au-dessus de la mesure, sans exagération ; courtils : nom donné aux menues pailles, ce terme désigne également des jardins, des jardins en commun divisés en parcelles de différentes grandeurs  ;   denier à Dieu : désigne des arrhes ; égrasseaux : jeunes plants d’arbres fruitiers non greffés  ; égrettes  : débris de chanvre  ; goussiers : pailles  ;   grettes : débris de chanvre  ; marmenteaux : désigne une haie vive   ; méteil  : mélange de seigle et de froment  ; métiviers : ouvriers spécifiquement destinés à la culture  ; montrée : visite complète, état de lieu, bâtiments d’habitations et dépendances dressée à avant la jouissance des locataires ou des fermiers  ; palis : planches reliées entre elles par des pièces de bois, servant à diviser une propriété ; passage : passage à tous besoins, pour les charrettes et charrues = 4 m. , de bestiaux = 2 m. , individu avec sceau = 1,33 m. ; pétereaux : désigne général des arbres fruitiers ; plessards - plesser : bois taillable, clôtures, haies vives » ;  pigriers : désigne en général la paille ; platrage : action de fumer les plantes fourragères sans autorisation du propriétaire ; poulies : réparations locatives ; poussiers - poux : terme désignant les pailles ; pressoir : le fermier sortant pouvait utiliser le pressoir pour son raisin, ou pour ses pommes, à condition de laisser le marc ; sabottée : appellation courante du mot haie ; sainfoins : herbacés assimilés aux foins ; tour d’échelles : droit de placer sur le terrain du voisin, une échelle pour effectuer des réparations aux bâtiment ou à la toiture ; vaine pâture : droit que les habitants d’une même paroisse ont le droit de faire paître leurs animaux sur leurs propriétés indistinctement . Ce droit ne se confond pas avec le droit de pacage sur les propriétés non closes .

 mis en page le 20 octobre 2017 - A. G

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